Les écrivains / adhérents
Stéphane Aucante
Poésie / Roman / Nouvelle / Scénario / RécitsNé le 20 septembre 1967 à Rosny-sous-Bois, Stéphane Aucante est auteur après avoir été entre autres directeur de lieux culturels, metteur en scène et réalisateur.
De 1988 à 1998, il mène une carrière dans l’audiovisuel. Il écrit et réalise plusieurs courts-métrages, dont L’Aveuglette avec le chanteur Arthur H, et Mes clients m’appellent Gilles financé par le GREC. En 1990, Stéphane Aucante crée le GIE Les Films du Trio et obtient un Master de Philosophie à La Sorbonne – Paris IV. La même année, il devient professeur au lycée Pierre et Marie Curie de Châteauroux. Il y anime un atelier théâtre et se passionne pour le spectacle vivant.
En 1993, Stéphane Aucante crée sa propre compagnie pour sa première mise en scène, Exercices de Style de R. Queneau. De 1995 à 2005, il monte de nombreux spectacles, dont Le Songe d’une Nuit d’Été de W. Shakespeare, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, La Manie de la Villégiature de C. Goldoni, L’Ile des Esclaves de Marivaux, Les Mouches de J-P. Sartre, une version du roman 99 F de F. Beigbeder, des versions chantées de pièves de Camus, Feydeau ou Giraudoux, ou encore Francesco, un inédit de Dario Fo, Prix Nobel de Littérature.
Au début des années 2000, Stéphane Aucante devient directeur de lieux ou d’événements culturels, dont le festival Les Vibrations de Moissac ou le Théâtre du Cloître, scène conventionnée de Bellac.
À l’été 2015, il devient directeur de l’Institut français de Naplouse, en Palestine. Il y écrit son premier livre édité, Naplouse, Palestine – Portraits d’une occupation. Pour constituer une « trilogie palestinienne », suivront Palestine by nights en 2019 et Six pieds sur terre – Récits de Palestine en 2021. Les trois livres sont publiés chez DACRES éditions.
Pendant les confinements et couvre-feux, Stéphane Aucante anime des ateliers d’écriture « sans contact » de cadavres exquis qui donnent lieu à parution d’ouvrages collectifs sur la plateforme d’autoédition youStory.
Il prépare actuellement la parution de son premier roman, Blanche, tout en animant un nouveau projet collectif, cette fois-ci autour de la pandémie de Covid-19 vue comme une guerre ; le projet s’intitule Covid 19 – Lettres du Front et s’inspire des lettres de poilus de La Grande Guerre.
Bibliographie
- Naplouse, Palestine – Portraits d’une occupation (éditions Dacres, juillet 2018)
- Poésons ! Poésie. Poison ? Chansons ! (France Libris, novembre 2019)
- Palestine by nights (éditions Dacres, février 2020)
- Des vies à usage unique, livre collectif (youStory, juillet 2020)
- Six pieds sur terre – Récits de Palestine (éditions Dacres, sortie prévue en mars 2021)
- Mauvais signe, livre collectif (youStory, sortie prévue en avril 2021)
Extraits
« Il était une autre fois, un jeune homme originaire d’un village proche de Bethléem. Malgré sa dyslexie, il décida d’apprendre le français et s’inscrit à l’université la plus éloignée de chez lui : pour des raisons connues de lui seul, il voulait à tout prix s’éloigner de sa famille, de la chambre partagée avec ses frères, des barreaux de fer plantés aux fenêtres, et de la terrasse où les familles de la maison partagée mettaient leur linge à sécher et où, entre les draps pendus nuit et jour, flottaient de mauvais souvenirs.
Malgré les cris de son père et les pleurs de sa mère, Saïd Mubarak — « Heureux le Bienheureux », c’était son nom — partit pour Naplouse et sa fameuse université. An-Najah, « La Réussite » ; Saïd avait vu dans ce nom un augure favorable. Pour y fuir un matin d’été, il s’engouffra dans un minibus neuf places rempli de douze passagers puis, plaqué contre une vitre, découvrit pour la première fois « la route du feu », celle qui relie Bethléem à Ramallah sans passer par Jérusalem. Les Cisjordaniens n’ont pas le droit de passer par Jérusalem ; mais si les Bethléémites pouvaient traverser leur autre ville sainte, ils mettraient moins d’une heure pour rejoindre Ramallah. Par la route du feu, il leur en faut trois. Serpent serré de virages abrupts et de pentes à trente pour cent, cet étroit lacet bitumé doit son nom aux accidents mortels qui y sont quotidiens. Et qu’ils résultent d’un choc frontal ou d’une chute dans l’abime, ils finissent le plus souvent par l’embrasement des véhicules impliqués. Quand les pompiers arrivent, comme ils peuvent dans leur camion d’au moins quarante ans d’âge, il ne reste rien ou pas grand-chose des voitures et de leurs passagers. Voilà pourquoi les parents de Saïd n’ont jamais emmené leurs enfants à Ramallah… »
Extrait de « Le bon dieu sans confession » dans Six pieds sur terre – Récits de Palestine
POISON
La seringue est en peau
De caresse et de rite
Tenant dans un sanglot
Piquant si tu m’excites
L’aiguille est d’un métal
Qui perce tous les cœurs
Et muettement fait mal
Cachée sous le bonheur
Le piston, c’est l’extase
Ton corps qui me merveille
Tes lèvres qui m’abrasent
C’est la mort puis l’éveil
Le désenchantement
L’impossible oubli
Et les tourments
Tu as fui
Attends !
Dis…
Pourquoi es-tu venu si c’est pour disparaitre ?
M’absoudre, m’affoler ? Taquiner, te repaître ?
Pourquoi m’avoir parlé si c’est pour mieux te taire ?
Je m’épuise à poursuivre les soirs éphémères
Les chasses internet, les patiences tendues
Je me dis qu’il viendra l’être tant attendu
Au détour d’une baise ou d’un chant sous balcon
Je sais, entre Meetic et Peyrol, je confonds !
J’ai des rêves d’enfant, des fantasmes de diable
L’amour au lit me hisse et l’absence m’accable
Je confonds la passion et les simples passades
Je t’imagine heureux sans moi qui suis malade…
Extrait de « Poison » dans Poésons !
Ma bibliothèque
Le Satyricon, Pétrone (un choc, comme ensuite la découverte de l’adaptation cinéma de Fellini)
Les Liaisons Dangereuses, Choderlos de Laclos (parce que l’amour peut faire mal…)
L’Homme qui rit, Victor Hugo (toute l’humaine condition en un bouquin)
Tout Stéphane Mallarmé (parce que « un coup de dés jamais n'abolira le hasard… »)
À la Recherche du temps perdu, Marcel Proust (chef d’œuvre absolu)
Huis Clos, Jean-Paul Sartre (parce que, oui, « l’enfer, c’est les autres ! »)
La Folle de Chaillot, Jean Giraudoux (terriblement visionnaire)
La « trilogie allemande » de Louis-Ferdinand Céline (un monument narratif et « langagier »)
Les Bienveillantes, Jonathan Littell (un autre choc, surtout après la Palestine…)
La Voix, Arnaldur Indridasson (théâtral et glacial, un autre huis-clos magistral)
Tout Fred Vargas et tout Pierre Lemaître
Lieu de vie
Hauts-de-France, 59 - Nord
Types d'interventions
- Ateliers d'écriture en milieu scolaire
- Ateliers / rencontres autres publics