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Les écrivains / adhérents

Christine Deroin

Roman / Nouvelle / Jeunesse / Théâtre
photo Christine Deroin

Après un master en philosophie, Christine Deroin suit une formation de metteur en scène auprès de Claude Confortès et d’Alain Illel et monte son premier spectacle, une adaptation des Frères Karamazov de Dostoïevski. Elle enchaîne avec l’adaptation de L’herbe rouge de Boris Vian qui se joue à la Cité universitaire de Paris et au théâtre Montparnasse.
De 1989 à 2002, elle travaille comme metteur en scène en décentralisation dans le Cher et, crée la compagnie Théâtre Orage en 1994. Tout en montant des spectacles, professionnels et amateurs, elle anime des ateliers de pratique artistique dans les écoles primaires, collèges et lycées et auprès de plusieurs groupes amateurs. Elle met en scène et coordonne (adaptation du texte, costumes, décors, son et lumière) en étant la seule professionnelle pendant cinq ans les habitants du village de Vesdun dans le Cher dans le cadre du « Spectacle vivant » et monte avec eux cinq spectacles, spectacles subventionnés par le Conseil Général du Cher, la Drac et la Région, qui se joueront de juillet à mi-août entre 1997 et 2003. Dans ces mêmes années il lui est proposé d’animer des ateliers théâtre en milieu psychiatrique à l’hôpital d’Ainay le Château dans l’Allier. Elle revient sur Paris en 2002 et, depuis, elle continue avec Théâtre Orage les ateliers de pratique théâtrale, l’écriture de spectacles et la mise en scène.
Par ailleurs en 1997 est publié son premier roman et depuis elle a publié 35 romans pour un public adolescent et adulte dont Mot à mot qui a obtenu le Prix Murat en 2003 et Mon frère, mon enfer, mon bel enfer le prix Handilivres en 2015. Pour la compagnie Théâtre Orage elle écrit cinq pièces de théâtre qui se sont jouées en 1999, 2000, 2002, 2010, 2011 et 2013 et qu’elle met en scène. Elle continue les ateliers, théâtre et écriture en milieu psychiatrique et a reçu la médaille de la Ville de Paris pour ses ateliers d’écriture auprès des apprenants de la langue française avec des participants aux ateliers FLE.
Elle a créé et met en scène un spectacle en 2017 avec des malades psychiatriques, des soignant.e.s et des comédien.ne.s et danseuse professionnel.le.s dans le cadre national de la Semaine d’Information sur la Santé Mentale, spectacle qui s’est joué dans cinq villes du Val de Marne avec la participation des hôpitaux Paul Guiraud de Villejuif et de Clamart. De cette expérience naît « La Troupe », au sein de Théâtre Orage, où patient.e.s et comédien.ne.s et danseuse professionnel.le.s jouent des spectacles en lien avec la santé mentale et le mieux-être. Perles de Mémoires se joue en 2022, 23, puis Le Bal des apparences en 2024 dans le Val-de-Marne et en tournée en Vendée. La création suivante est en cours d’écriture.
En 2019, elle devient directrice de collection aux éditions Le
Muscadier pour la collection « Saison Psy » qui présente aux adolescents sous forme de fictions les maladies et troubles psychiatriques. La collection présente actuellement douze titres. Par ailleurs, elle travaille sur Berlin et Paris avec des lycéens et continue l’écriture.

Bibliographie

Romans
1997 : Les Absentes, éditions des Chats Noirs (N Mouska)
1999 : Les Chemins détournés, éditions Atout (N Mouska)
2002 : Mot à Mot, éditions l’Inventaire (A Coldefy), PRIX MURAT 2003 (un roman pour l’Italie), traduction en italien, publication aux éditions Besa
2005 : La Griffe intérieure, éditions l’Inventaire (A Coldefy)
2011 : Quelques gouttes de valériane, éditions Diabase
2016 : Clandestines, éditions Le Chèvrefeuille étoilé, février 2016
2017 : Tumultes, éditions Le Chèvrefeuille étoilé, février 2017. Sélection prix livres francophones pour la jeunesse Berlin 2018
2025 : Paroles en fugue, éditions Le Muscadier.

Romans Jeunesse
2008 : La Mère sans visage, éditions Oskar
2010 : Un facteur dans la résistance, Martial, 20 ans, éditions Oskar
2012 : Émilie, fille de Résistants, cheminots, éditions Oskar
2012 : Au secours Awa, éditions Bayard presse, Je Bouquine
2012 : La Mystérieuse Lettre au Père Noël (cinquantenaire du service courrier du PN de la Poste), éditions Oslo
2013 : 36 rue Amelot, la résistance juive, éditions Oskar. Prix collège de Jargeau (45) en juin 2017
2015 : La Mouche, éditions Oskar janvier
2015 : La Résistante, éditions Bayard presse, Je Bouquine
2015 : Création de la collection « pas de panique » : Mon frère n’est pas connecté dans la tête, Mon père fait des montagnes russes dans la tête, Mon frère a une tornade dans la tête (mai), Ma sœur n’a plus goût à la vie (octobre), éditions Oskar
2016 : Mon frère, mon enfer, mon bel enfer (autisme), (Avril), éditions Oskar Prix Handi-livres 2016
2016 : Comme les autres, éditions Bayard presse, Je bouquine (mai)
2017 : Mon frère a un pétard dans la tête, « P de P », éditions Oskar, (novembre).
2018 : 100 idées sur l’addiction, éditions Tom Pousse
2019 : Anomalies, éditions Le Muscadier
2019 : Black out, éditions Le Muscadier
2020 : Le Fils du héros, éditions Le Muscadier
2020 : Caméléon, éditions le Muscadier
2020 : Dé-connexions, éditions le Muscadier
2021 : Sur un fil, éditions le Muscadier
2021 : Le Vol d’Icare, éditions le Muscadier
2021 : Chemins détournés, éditions le Muscadier
2021 : Dévorer sans faim, éditions le Muscadier
2021 : 36 rue Amelot, traduction en allemand et suite écrite par élèves allemands et français, éditions Le Muscadier
2022 (janvier) : Le jaguar qui miaule, éditions le Muscadier (sélectionné prix Tatoulu et Incorruptibles)
2022 (Septembre) : Courage... fuyons !, éditions le Muscadier
2024 : Les Larmes des écureuils, éditions Le Muscadier
2025 : Mélodie HPI, éditions Le Muscadier

Théâtre
1998 : Terre Promise, mise en scène Thierry Chauvière pour Théâtre Orage spectacle joué dans la Région Centre en tournée, subventionnée DRAC centre, région Centre et conseil général du Cher
2000 : M.A.R.I.A.G.E, mise en scène Thierry Chauvière pour Théâtre Orage, spectacle joué en Région Centre et à Montreuil (93) subventionnée DRAC centre, région Centre et conseil général du Cher
2005 : Les Mots de Florentine, mise en scène Christine Deroin pour Théâtre Orage spectacle joué à Montreuil, tournée en 2006 en région Centre.
2010 : Le Musée des fous, mise en scène Christine Deroin pour Théâtre Orage, représentations en mars 2011, hôpital Bretonneau, comédie Nation, reprise en 2012 à Villejuif (94)
2012/2013 : Je vous demande la route, Résidence au 104 (75), mise en scène Christine Deroin pour Théâtre Orage, spectacle subventionné par la mairie de Paris et les mairies du 18 et 19ème, joué au centre Mathis (75019),
2018 : Bribes de Familles, spectacle joué à Vitry, Choisy, Villejuif, Villeneuve le Roi, Clamart
2020 : Comptes de Faits, spectacle joué à Vitry, Choisy, Villejuif, Villeneuve le Roi, Clamart
2022/23 : Perles de Mémoires, spectacle joué à Villejuif (94)
2024 : Le Bal des Apparences, spectacle joué à Villejuif, Orly, Vitry sur Seine, Bagneux, Champigny sur Marne.

Nouvelles
2007 : « mort ou vif » nouvelle au sein d’un recueil de nouvelles françaises aux éditions B.A. Graphis (Italie)
2014 : Nouvelle dans Papiers recueil « Tu connais la nouvelle »
2015 : Nouvelle « le Sommet maltais » dans recueil Contre vents et marées, « tu connais la nouvelle » mai

Adaptations théâtrales
Les Frères Karamazov de Dostoïevski, L’Herbe Rouge de Boris Vian, Le Secret de Wilhem Storitz de Jules Verne, Dracula de Bram Stoker.

Extraits

Extrait de : Le jaguar qui miaule (roman publié en 2022 première sélection prix des incos 2024, sélection prix Tatoulu 2023):


LE PRESSENTIMENT

Ça commencé le jour de mes dix ans, le 16 janvier. Le jour du pressentiment. Je m’appelle Théo et, ce jour-là donc, j’ai eu un pressentiment et un gros doute mais d’abord un pressentiment a dit mon oncle. Aujourd’hui on est le 8 juillet, tout va mieux mais Julie n’est plus là et j’ai trop envie de raconter. Alors je me lance :
— Cet enfant a un pressentiment, a dit mon oncle, il ne faut pas le laisser dans ce brouillard.
C’est comme ça qu’il s’est exprimé mon oncle et toute la famille a eu l’air d’accord.
Bon, à ce moment de l’histoire, j’ai dix ans depuis trois heures et, en fait, ce n’est pas à cause de cette dixième bougie sur mon gâteau d’anniversaire que j’ai pressenti, c’est à cause du gâteau lui-même. En fait, à cause de la réaction de mon père quand le gâteau est arrivé sur la table.
Il s’est levé d’un coup, a mis ses bras devant son visage et a dit très lentement :
— Y a une bombe. Y a une bombe dans le gâteau.
Il a reculé en renversant sa chaise et s’est collé au mur de la salle à manger, toujours avec les bras devant le visage.
Je l’ai regardé et c’est là que j’ai eu mon pressentiment.

Je ne sais pas très bien ce que les adultes appellent « pressentiment » mais moi ce que j’ai ressenti c’est comme une explication qui aurait été au fond de moi mais sans les mots. Un truc où, dans un devoir à l’école, la maitresse m’aurait écrit dans la marge « pas clair » ou « pas précis » ou « développe », ce qui est le pire car ça veut dire « recommence ton devoir ».
Après, il y a eu un long silence. C’est encore mon oncle qui a réagi le premier.
— Oui, il y a une bombe mais elle est désamorcée, Pierre, je m’en suis chargé dans la cuisine. Ne t’inquiète pas, viens manger le gâteau de l’anniversaire de ton fils.
— Tu es sûr ? A demandé mon père en retirant ses bras de devant son visage.
— Certain. Tu me connais, rien ne m’échappe.
Mon père est revenu à table et nous avons mangé le gâteau. Une famille normale. J’ai eu mes cadeaux. Tout ce que je voulais : jeux vidéo, nouveaux rollers et le dvd de ce documentaire sur le métier de vétérinaire dont je rêvais depuis des semaines. C’est mon père qui me l’a offert, je le lui avais montré dans un magasin et il s’en est souvenu.
L’après-midi s’est passée très calmement même si les adultes parlaient de plus en plus fort grâce au champagne. Mon père, lui, ne buvait pas et était silencieux, il regardait ses parents, son frère et sa belle-sœur, en souriant, content d’être là. Il me demandait sans cesse quand j’allais regarder le dvd et je lui répondais sans cesse que je le regarderais dès mon retour chez ma mère.

Elle est venue me chercher vers 19h. Mes grands-parents lui ont offert une part de gâteau mais elle a refusé. Elle était pressée comme à chaque fois qu’elle venait chez eux c’est à dire assez souvent. Mes parents ne vivent pas ensemble. Je passe la semaine avec ma mère et je vais le samedi matin chez mes grands-parents jusqu’au dimanche soir car mon père vit chez eux, chez ses parents. J’ai embrassé tout le monde. J’ai embrassé mon père et j’ai frotté ma joue gauche contre sa joue droite car je savais que sa barbe naissante me donnerait plein de petits boutons et de petites rougeurs et qu’ainsi j’aurais les traces de sa présence au moins pendant encore une nuit et une journée.

***

Nous sommes partis avec maman. Moi, à l’arrière de la voiture bien sûr, sans nous parler. Moi, j’étais triste mais elle aussi c’est sûr.
Le coup de la bombe dans le gâteau ne m’a pas vraiment surpris, le dimanche précédent, mon père avait vu un jaguar à côté de mon grand-père et avait demandé à son frère un piano à queue pour préparer son concert international. Mon père n’a jamais joué de piano. J’avais bien vu que les parents de mon père et mon oncle s’étaient réunis dans la cuisine pendant que je jouais aux cartes avec papa dans le salon. Quand les adultes se réunissent dans une pièce et en ferment la porte derrière eux, c’est qu’ils vont prendre une décision. Le jaguar, le piano, il n’a jamais eu ce genre de trucs mon père. Parfois il dit des choses bizarres mais ce n’est pas souvent et mon oncle m’a dit que ce n’est pas grave. Quand même je voyais bien qu’il devait prendre des médicaments. C’était sûrement à cause de ça, la réunion derrière son dos.
J’aurais voulu en parler à Julie. Julie, c’est mon amie. Enfin pas tout à fait. C’est l’amie que je voudrais avoir. Je l’aime bien Julie mais elle reste toujours un peu seule. Elle lit des livres dans un coin de la cour. Elle est trop jolie, brune aux yeux bleus mais tellement renfermée. Des fois je vais vers elle dans la cour mais il ne faut pas trop car les autres rigoleraient. C’est pas facile d’approcher les filles sans que les autres rigolent. Julie, je suis sûr qu’elle pourrait comprendre les bizarreries de mon père. Je sais pas pourquoi j’en suis sûr, là aussi c’est comme un pressentiment.

***

Mon oncle est venu me chercher le samedi suivant mon anniversaire. Il voulait me parler de mon pressentiment. Il avait l’air très sérieux et était seul, sans Katrin, sa femme. Entre hommes.
Il m’a proposé Mac Do mais j’ai refusé. Depuis que j’ai vomi hamburger et frites à la fois, je ne suis plus très enthousiaste. On a pris un sandwich banal et un macaron dans une boulangerie et on s’est installé sur un banc dans le square Clignancourt, pas loin de chez moi.
On a mangé. Sans parler. Mon oncle a bu un café. On s’est tu. J’ai regardé mes chaussures. Dans le silence. Mon oncle a soupiré et a murmuré :
— Ton père est allé pour quelques jours à l’hôpital.
Je me suis retrouvé debout d’un coup…..


Extrait de : Les Larmes des écureuils, roman de la collection Saison Psy :

Je m’appelle Antoinette et je pleure. Je pleure depuis vingt jours. J’ai commencé le 15 mars et je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Il n’a pas vu mes larmes, personne ne les a vues. De toute façon, il n’y aurait pas été sensible. Rien ne l’atteignait. Je le savais mais je n’ai pas pu m’empêcher de protester. Il était entouré de ses gardes du corps mais, comme à chaque fois qu’il faisait un déplacement en province, il avait voulu s’avancer vers la foule et il s’est approché de moi. Je lui ai demandé :
—Comment êtes-vous venu ici, en Bretagne ?
—En avion, bien sûr.
—Merci, merci monsieur, merci de penser à nous, de continuer à polluer la planète en faisant des déplacements courts en avion. Merci pour notre génération.
—Qui tu es toi ? Tu as quel âge pour te permettre de me parler sur ce ton et me donner des leçons ?
—J’ai seize ans et je suis de celles et ceux qui mourront à cause de vous et de votre indifférence.
—16 ans et tu te permets de faire de la politique. Occupe-toi de choses de ton âge !
Il a ri et il est parti. Lui qui vantait sa précocité, sa maturité dès l’adolescence, il m’a renvoyée dans le monde des billes.
Il m’a méprisée. J’étais furieuse et dégoûtée. C’est pour ces raisons, les larmes. Ces larmes-là, parce que, franchement, j’ai mille et une raisons de pleurer dans ce monde qui prend l’eau de partout, l’eau et la sécheresse, la famine et la maladie. La fin, juste la fin.
En effet j’ai seize ans, pas plus, et je suis en première. Je veux devenir ingénieure dans l’environnement. C’est vaste mais, pour moi, c’est clair. On est cinq dans ma classe à avoir le même projet. Mais ce qui nous gêne dans ce projet, ce n’est pas son contenu, c’est son avenir et, par la même occasion, le nôtre. On reste sur les rails, on suit notre chemin tout tracé de lycéens. On ingurgite des connaissances. On répond à toutes les demandes même à la question fatale : qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Plus tard ? mais messieurs et mesdames les adultes il n’y aura pas de « plus tard ». Comment se fait-il qu’aucun dirigeant, aucune de toutes ces personnes avec de multiples diplômes, ne s’en rende compte ? Que les plus conscients soient des jeunes et parfois des adolescents comme moi ?...

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