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Expression libre

Textes

Edito Lettre N°2

Sylvie Gouttebaron
Directrice de la Mel

ajouté le 07|02|17

Lettre N°2 – février 2017


Ce que lire fait à nos vies

Jaurès écrivait qu’il faut « s’aider des livres pour voir l’univers ». Cette phrase est aussi une citation de Mona Ozouf dans ce recueil phénoménal : La cause des livres.
Oui, lire mène au-delà de tous les murs, de toutes les tentatives de réduction de la liberté, mais c’est aussi un rempart, un refuge, une ressource majeure où puiser les réponses. Ce que lire fait à nos vies, de nos vies, est si considérable que nous oublions parfois la beauté de ce geste à la fois simple et insensé d’ouvrir un livre et de  lire. Toute l’histoire, toute histoire commence par là. Lire est une expérience irremplaçable. Partager ce goût, ce désir, dans un monde troublé est une nécessité. Ce temps de notre histoire exige une reprise de la notion même d’interprétation des textes, tous les textes. C’est pourquoi le Maison des écrivains a placé cette année sous le signe de la lecture. Ce pourrait être une évidence que de s’occuper de cela, puisque c’est ce que nous faisons chaque jour, à travers les programmes d’éducation artistique et culturelle et les rencontres ouvertes à tous. Mais souligner l’insistance qu’il y faut mettre, à l’instar de tout le travail conduit par Heinz Wismann avec Jean Bollack, c’est chercher à rendre actif davantage encore le principe critique qu’une telle lecture sous-tend.
En juillet 1955, le magazine Réalités menait une enquête intitulée : « Ce que lisent les Français », et suggérait 100 ouvrages d’une bibliothèque idéale. Ce reportage dans la commune de Pégairolles-de-Buèges, a ceci de passionnant qu’on y suit le directeur d’une des premières bibliothèques de prêt. Sa volonté affichée de donner le meilleur à lire, par paliers progressifs, à l’écoute, montre à l’envi le pouvoir de l’échange par le livre. Cet échange commence par la multiplicité des interprétations envisagées et mises en commun. Ce qui se passait alors dans cette campagne reculée peut et doit se produire maintenant chaque jour également au coeur de notre urbanité, dans l’exigence des propositions littéraires. Car on le voyait alors déjà, le relief d’un texte qui se dresse provoque bien davantage qu’une page aussi lisse qu’un miroir sans tain où l’on plongerait en vain.
A nous, avec vous et vos oeuvres, de jouer.