Les écrivains / adhérents
Hamid Tibouchi
PoésieNé en 1951 en Algérie. Peintre et poète, il vit et travaille en région parisienne depuis 1981. Après des études au lycée de Bougie, puis à l’École Normale Supérieure d’Alger, il est assistant de français en Angleterre, puis professeur d’anglais près d’Alger. En 1983, il est diplômé en Arts plastiques de l’Université Paris VIII. Depuis 1981, date à laquelle il se consacre essentiellement à la peinture et à l'écriture, il expose régulièrement en France et à travers le monde. En 1994, il obtient le Prix du public au Salon Découvertes 94 à Paris. À ce jour, il compte une soixantaine d’expositions personnelles et près de trois cents participations à des expositions de groupes. Auteur d’une quinzaine de plaquettes et recueils de poèmes, il est régulièrement invité à lire ses textes dans des festivals de poésie, des Maisons de la poésie, des bibliothèques et des établissements scolaires.
Bibliographie
- Mer ouverte, Éditions Caractères, Paris, 1973.
- Soleil d’herbe, Éditions Chambelland, Paris, 1974.
- Il manque l’amour, Éditions de l’Orycte, Sour-el-Ghozlane, 1977.
- Cinq dans tes yeux, sous le pseudonyme de Hamid Targui, Auto-Éditions, 1977 (cadavre exquis avec O. Abdeddaïm, D. Devigne, D. Martinez, M. Medjahed).
- Le jeune voyageur et le fantôme vieux-jeu, Auto-Éditions, 1978.
- D’ailleurs, ça ne peut plus durer, Éd. de l’Orycte, Sour-el-Ghozlane, 1978.
- Parésie, Éditions de l’Orycte, Paris, 1982.
- La mer, livre de bibliophilie en collaboration avec Louis-Marie Catta, Adonis et Hassan Massoudy, Atelier Pons pour les lithographies et Atelier de la Cerisaie pour la typographie, Paris, 1991.
- Pensées, neige et mimosas, La Tarente, Paris, 1994.
- Giclures (cinq encres de l’auteur), La Tarente, Paris, 1995.
- Herbes rousses, Livre d’artiste en accordéon avec des gravures-monotypes de l’auteur (exemplaire unique), 1999.
- Stigmates, La Tarente, Paris, 2001.
- Un arbre seul, La Tarente, Paris, 2001.
- Kémia, Le Figuier de Barbarie, Niort, 2002.
- Nervures, empreintes & lavis, Rumeur des Âges, La Rochelle, 2003.
- Attention fragile, La Tarente, Paris, 2004.
- Nervures, Éditions Autres Temps, Marseille, 2004.
Textes, dessins et peintures
dans diverses anthologies, plusieurs manuels scolaires, ainsi que dans de nombreux périodiques (Esprit, Europe, Alif, Traces, Signes, Solaire, Algérie Littérature/Action, Poésie 1, Fanal, Le Journal des Poètes, 25 Mensuel, Athanor, Écriture, La Sape, Bacchanales, Poésie/Première, Horizons Maghrébins, Artension, L’Art Aujourd’hui, La Traductière, Area…).
Contribution au dossier N° 9, “ L’hétérogénéité en arts plastiques ”, du magazine en ligne Mag arts du Cndp, accessible à l’adresse :www.cndp.fr/magarts/heterogeneite/temoignage2.htm
Extraits
Extraits de “ Portées ”, inédit
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Mes petits papiers ont une ombre portée : la mienne.
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Ce qui m’intéresse ce n’est pas tant d’apprendre les ficelles du métier pour les reproduire en virtuose, mais les détourner, les plier à mes désirs (même insensés), voire leur tourner le dos une fois apprises.
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Il est des musiques usées jusqu’à la corde et qui pourtant nous touchent.
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Je tire un trait sur le superflu. Enfin, j’essaie.
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Je rends ici hommage à l’araignée qui, en un rien de temps, produit un ouvrage – une œuvre ? – admirable. Je rends également hommage à Pierrette Bloch et Marinette Cueco, ses émules, pour avoir su transposer son enseignement à l’échelle humaine.
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Le blanc. Toujours présent. Prêt à tout submerger. Envahissant. Mais c’est parfois le noir qui le premier arrive et tente de s’emparer de toute la place. L’un ou l’autre appelle toujours peu de couleur. Juste assez pour que la vie chante contre le néant. C’est parfois la ville la nuit parsemée de lumières. C’est la campagne en neige piquée de noires brindilles et de plaintes d’oiseaux rares. L’un comme l’autre – à tort ou à raison – nous renvoit à l’essentiel, nous parle de Présence dans l’Absence. C’est pourquoi beaucoup réclament encore du bleu, pour ne pas être contraints à faire face aux questions fondamentales. Comme s’il suffisait de l’appeler pour qu’il vienne. Imprévisible bleu qui arrive toujours à l’improviste, comme une récompense dont il convient d’user avec parcimonie.
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Il me semble qu’un peintre travaille d’abord avec les yeux et le cœur. Ensuite avec la tête. Et enfin avec le corps. Hélas, le corps fait ce qu’il peut, à l’instant où il le fait, sans arriver jamais à faire tout ce que les yeux le cœur et la tête ont projeté. Heureusement, ceux-ci l’aident au moment de l’action à faire au mieux. Car surgissent toujours des imprévus, des accidents, fruits du hasard. Et c’est alors avec bonheur que tous travaillent de concert pour en tirer le meilleur parti possible.
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Strates, écriture du Temps.
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Patiemment, méthodiquement, je me prépare à être spontané.
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Si l’on sait tirer profit de tout ce que nous avons accumulé au cours de notre existence, de toutes nos expériences personnelles réunies, pas seulement celles du lieu qui nous a vu naître, alors on ne peut pas ne pas être authentique. Car l’authenticité en art suppose une ouverture aux autres. Aux autres cultures, aux autres modes de vie, de pensée. C’est en prenant ses distances par rapport à ses racines qu’on y voit plus clair, qu’on s’enracine plus solidement dans sa propre culture, et qu’on peut, par là-même, prétendre à l’universel.
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La nature est abstraite. Profondément abstraite. Follement abstraite. Inventive. Imaginative. Surréaliste. Sensuelle. Spontanée-fraternelle-libertaire. Nullement naturaliste. Tant pis pour ceux qui pensent le contraire !
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C’est dans le banal que se love la poésie. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle se donne au premier venu.
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Laisser parler le vide. Faire exister le rien.
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L’esthétique [je n’aime pas ce mot, comme je déteste le mot artistique, trop souvent galvaudés, faisant partie du vocabulaire de la bourgeoisie qui bien souvent n’entrave que couic] est loin d’être ma préoccupation première.
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Pourquoi vouloir absolument séparer, voire opposer imagination et réalité ? Sans réalité, il n’y a pas d’imagination et inversement.
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Écrire, c’est tracer des lignes. À l’inverse, tracer des lignes, c’est aussi écrire d’une certaine manière.
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Le véritable artiste n’est pas le capitaine au long cours qui navigue sur l’océan étroit des certitudes, mais le batelier modeste qui vagabonde sur les multiples affluents du doute jonchés de surprises et de découvertes de toutes sortes.
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La sincérité à tout prix peut devenir mensonge. On est sincère spontanément ou on ne l’est pas.
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Je ne pense pas qu’il puisse miraculeusement naître un poème d’une poule. On peut considérer cependant qu’un poème naît chaque fois que la poule pond un œuf. Mais alors la poule ne sait rien faire d’autre que pondre le même poème, celui de l’œuf qu’elle transforme parfois en poussin – ce qui est un miracle en soi –, poème que l’homme transfigure en un autre poème miraculeux et comestible : l’œuf sur le plat.