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Les écrivains / adhérents

Martine Pouchain

Roman / Jeunesse
photo Martine Pouchain

Une enfance de celle qu’on dit heureuse, dans un milieu mi-rural, mi-artisanal que l’idée de vivre de sa plume épouvante. Alors, sitôt le bac en poche après deux redoublements pour cause de dissipation, un plongeon dans la vraie vie, ses fêtes, ses plaisirs, et… ses obligations. Travailler pour vivre par exemple et sinon de sa plume, alors, au gré des rencontres, soyons vendeuse, caissière, balayeuse, brocanteuse, secrétaire... Et le soir, les fins de semaines, pendant les vacances, vivons, vivons, vivons ! sans mesure.
Jusqu’à ce jour, lequel était-ce ?… où l’envie d’écrire a repointé le bout de sa plume. Et le récit balbutiant s’est précisé, poli, devenant bientôt, grâce à l’ordinateur, manuscrit, et plus tard grâce à la poste, puis aux éditeurs jeunesse de Gallimard, livre. Alea jacta est.
Tout le reste est délice, aventure, doute, solitude, passion, étonnement… grandissement.

Thèmes
Les lignes directives de mon travail sont encore difficiles à définir.
Quand j’aurai beaucoup écrit peut-être, cela apparaîtra plus clairement, et ma volonté de ne pas me cantonner dans un genre peut me faire apparaître dilettante.
Qu’il soit seulement question ici de ce qui m’émeut et que je m’efforce de partager avec le monde. L’actualité me fournit la matière à indignation qui décide qu’un roman verra le jour : Printemps volé, Bagdad 2004, Le fils du loup Bleu, Les Ostrogoths, sont de ceux-là. Car l’auteur est un témoin et se doit donc de témoigner. Et puis un personnage traverse mes romans, exhibant chaque fois un accoutrement différent. Sage, bouffon ou simple d’esprit dans les premiers, Quichotte moderne et amoureux absolu, dans le dernier, il est mon joker, mon maître à penser, celui par qui les choses adviennent et se transforment. Ferment, levain, christ ou clown, sans lui, la vie ne serait pas ce qu’elle est.

http://martinepouchain.fr
Bibliographie

Romans
Meurtres à la cathédrale, (roman policier médiéval), Gallimard – folio junior, octobre 2000
La Fête des fous (idem), Gallimard – folio junior, octobre 2001, prix 12-17 de Brives la Gaillarde en 2002
Aldébaran 33 N-77 E (science-fiction), Magnard – tipik, août 2005
Bagdad 2004, Nathan jeunesse, août 2005
Le Fils du loup bleu, Nathan jeunesse, mai 2006
Fugue majeure, Nathan jeunesse, septembre 2006
La Couleur du crime, Flammarion – castor poche, 2006
Chevalier B, Sarbacane – X’prim , 2007
Les Ostrogoths, Les 400 coups, 2007
Un hanneton dans le plafond, Nathan, octobre 2008
Amour sorcier, Flammarion, octobre 2009
La Ballade de Sean Hopper, Sarbacane, octobre 2010, collection eXprim' ( jeunes adultes). Prix Sésame en 2012.
Johnny, Sarbacane, septembre 2010
Délinquante, Sarbacane octobre 2011
Traverser la nuit, Sarbacane, coll. eXprim' (jeunes adultes)
Ce que j'aime c'est, Sarbacane 2010, sous le pseudo "Marta Thomas"
Sako, Oskar 2012, (a obtenu le prix Chronos en France en 2012, et en Suisse en 2013)
Zelda la Rouge, Sarbacane 2013, coll. eXprim' (jeunes adultes)
Dylan Dubois, Sarbacane 2015
Gloria, Sarbacane 2017
Fil de fer, Flammarion jeunesse 2018
Trois gouttes de sang, Flammarion jeunesse 2020
Sous-sol, Sarbacane 2022
Il était un petit navire, Thierry Magnier 2022
Quelle connerie la guerre !, Oskar éditeur 2022
Liverpool-sur-Somme, Thierry Magnier 2023
La forêt pour te dire, Sarbacane 2024

Extraits

Extrait de La Ballade de Sean Hopper, Sarbacane, 2010

"Même moi qui ai de la tolérance en veux-tu en voilà, je suis forcé de reconnaître que Sean Hopper était un authentique danger public et le shérif l’avait prévenu. Plusieurs fois il l’avait prévenu et il lui avait interdit de reprendre le volant jusqu’à nouvel ordre. Mais Sean Hopper, qu’il soit nouveau ou ancien, l’ordre il s’en fichait tout pareil. Autant dire que Bonnie avait de bonnes raisons d’être inquiète même s’il était toujours rentré en bonne et due forme ou presque.
La vérité, c’est qu’elle ne s’habituait pas. Je suppose qu’au bout d’un an où il ne s’était pas amélioré comme elle l’avait sans doute espéré, elle se demandait pourquoi elle y tenait tant, à ce type que personne n’aimait et qui était sans gentillesse, et que par conséquent, toute femme normalement constituée aurait pris ses jambes à son coup pour éviter le pire. Malgré tout, elle se faisait toujours un sang d’ébène qu’il lui arrive malheur ou qu’il en cause un, et elle ne dormait donc pas quand il est rentré. Elle marchait de long en large et elle s’arrêtait pour regarder sa montre et elle recommençait à marcher comme je l’ai déjà dit. Et puis une portière a claqué. Alors Bonnie s’est précipitée à la fenêtre, et cette fois, c’était lui. Mais il était trop tard pour que ça se passe paisiblement.
Ça l’a soulagée qu’il ne soit pas en mille morceaux, mais elle était au bord de la crise de nerfs. Elle a rempli un verre au robinet, elle l’a bu d’un trait et elle l’a rempli à nouveau.
Sean Hopper est entré. Il a fait comme si elle était un bocal de cornichons à sa place habituelle qu’il n’avait aucune raison de remarquer. Il a décapsulé une bière et il est allé s’affaler dans le salon devant la télé.
Il a pris la télécommande et il a zappé.
« Tu ne peux pas me traiter comme ça, Sean », a murmuré Bonnie.
Pas sûr qu’il l’ait entendue, et s’il l’a entendue, il a quand même continué à zapper, l’air de penser et depuis quand un bocal de cornichons m’adresserait la parole ?
« Tu ne peux pas me traiter comme un chien, comme si j’avais juste le droit de la fermer et de t’attendre. Je me suis fait de la bile pour toi, Sean. Tu aurais pu te tuer, ou… »
« Fais pas ta victime, Bonnie. J’ai pas de comptes à te rendre. Si t’es pas contente, tu prends tes cliques et tu te casses. »
Mais elle est venue se mettre devant l’écran pour qu’il ne puisse plus le regarder et avec tout ce qu’il avait bu, c’était pas des choses à lui faire.
« Pousse-toi. »
« La victime, tu sais ce qu’elle te dit Sean ? »
Et elle lui a jeté son verre à la figure."

Extrait de Zelda la Rouge, Sarbacane, 2013

"Je voulais mourir, je ne savais pas comment. On ne sait pas comment s’y prendre pour mourir à dix ans, bien que ma mère ait donné l’exemple en se jetant sous un train. Ce qui n’est plus possible quand on ne peut pas bouger.
J’ai perdu mes copines de l’école. Il y en a qui sont venues me voir une fois ou deux, mais quand elles ont su que j’étais handicapée à vie, ça leur a foutu les boules pire qu’à moi. J’étais plus fréquentable soudain, rien que me voir leur bousillait le moral. Elles n’avaient pas le bagage émotionnel adapté à la situation, il n’y en a pas beaucoup qui l’ont. Il s’en est même trouvé pour me dire que j’étais courageuse parce que moi, si j’étais à ta place, je me tuerais. Ce n’est pas très important : à dix ans, on a la vie devant soi pour s’en refaire, des potes. Et on s’en refait. Des à qui c’est égal de te voir dans un fauteuil roulant, vu qu’ils ne te connaissaient pas avant, qui ne peuvent donc pas comparer.
Je suis restée longtemps immobile à vérifier mon solde de tout compte après que mes amis sont partis horrifiés. Je ne pouvais pas bouger, mais je regardais par la fenêtre de ma chambre le ciel d’un bleu impeccable, les touffes vertes des cimes des bouleaux, le petit nuage sur lequel je n’étais pas, heure après heure, jour après jour. Tout était l’ennemi. Tout était plaisirs interdits.
Jusqu’à ce matin où j’ai pu m’asseoir. Et le même ciel, les mêmes arbres soudain se sont gorgés de joie pure. J’ai demandé à l’infirmière d’ouvrir la fenêtre, et les parfums tenus en laisse à l’extérieur se sont engouffrés, se sont mis à pulser, puissants, sauvages à renverser les montagnes. Un avion signait son trait blanc de gauche à droite, de bas en haut. En réalité une ennuyeuse mécanique – peut-être le Marseille-Copenhague –, dans mon âme un symbole : celui d’un appétit retrouvé, de la vie plus forte que tout, plus forte que nous.
Je me suis rendu compte que la vie valait encore d’être vécue, et puisque je n’avais pas décidé de fermer le livre, il était temps de démarrer un nouveau chapitre.
(...) Aujourd’hui, j’ai envie de dévorer la vie et un appétit d’ogre que tout intéresse : les choses, les lieux, les gens. Je suis redevenue apte aux grands moments. Vous savez, ces moments que les gens appellent des petits bonheurs ? Il y a un truc primordial qui jamais ne les effleure, c’est que le bonheur ne peut pas être petit. Jamais.
L’avantage des grands moments, c’est qu’ils sont gratuits. L’inconvénient, c’est qu’ils se pointent sans crier gare, il faut donc ouvrir l’œil. On l’ouvre plus facilement quand on s’est pris une bonne giclée d’adversité."

Ma bibliothèque

Steinbeck – Mark Twain – Dostoïevski – Pouchkine – Jean Giono – Céline – Colette – Maëterlinck...

Lieu de vie

Hauts-de-France, 80 - Somme

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire