Les écrivains / adhérents
Mathilde Vermer
Roman / ThéâtreMes pas ont longtemps pris des chemins de traverse, des chemins atypiques. De l’Asie à l’Afrique, du travail en ONG au monde de l’entreprise, du développement durable au secteur de la formation, je poursuivais une quête : trouver une voie qui ait du sens, traduire dans le
concret les notions de solidarité et de liberté.
Mon premier roman, Après Ramallah, s’inscrit dans cette quête. Si l’histoire d’Elisa n’est pas la mienne, cette héroïne de papier me ressemble parce qu’elle partage l’exigence de mes idéaux. Ce livre a été l’occasion d’un virage important dans mon parcours, comme si l’écriture s’imposait à moi, comme si l’écriture était la réponse à mes nombreuses questions. L’écriture comme lieu d’un échange et d’une réflexion sur le monde. J’ai alors décidé de tenter le grand saut, oser m’affirmer en tant qu’écrivain, investir totalement ma plume.
Aujourd’hui, l’écriture est plus que jamais au coeur de ma vie : je travaille sur un deuxième roman et je continue à développer une activité d’accompagnement pour transmettre cette nécessité de poser des mots sur le papier (formations sur la communication écrite, animation d’ateliers d’écriture, coaching littéraire).
Bibliographie
Roman, théâtre
– Godin, un révolutionnaire discret, pièce de théâtre (texte joué en novembre 2013)
– Après Ramallah - édition Michel de Maule, 2012
Extraits
Extrait Chapitre 1
Après Ramallah - édition Michel de Maule, 2012
Je le jure. Je lutte. De toutes mes forces. Je lutte contre le besoin de crier. Contre une envie folle de m’allonger, de me laisser dévorer par la douleur. Trois mots, en boucle. Il est mort. Il est mort. Il est mort. Vilaine douleur qui ne me quitte pas. Il est mort et moi je ne sais plus comment vivre. Pourquoi vivre. Excessive, ma réaction ? Oui, il y a la faim dans le monde. Oui, il y a la guerre. Je sais, j’en reviens. Il est mort de la guerre, lui, celui qui me donne envie de mourir aussi. Lui, celui qui a fait de moi une veuve précoce.
J’insiste : je le jure, je lutte. Je résiste à la tentation de l’abandon total dans la tristesse. Je n’éclate pas en sanglots à chaque coin de rue. Je ne dérange personne avec mon chagrin. Je marche la tête haute, les yeux planqués derrière de grosses lunettes teintées et nul ne peut deviner que je souffre à chaque pas. Je suis une femme qui marche. C’est tout ce qu’ils doivent voir, les autres, les gens, les Indiens. Une blanche qui marche le long de la route à la poussière rouge. De l’hôtel à la plage. De la plage à l’hôtel. Au marché, parfois. Entre les arbres, les pieds dans la rouge poussière. Je suis une touriste à Goa, une parmi d’autres, une comme les autres.
Enfin, pas tout à fait. Je parle hindi. Mal, je l’avoue, mais assez pour que les visages s’éclairent lorsque je glisse un bout de phrase dans cette langue. « Kya Madam ko hindi ati hai ? » Je ménage mon effet. Je dodeline de la tête dans ce mouvement si particulier qui caractérise les Indiens, et je déroule mon discours. Oui, j’ai appris l’hindi. J’ai vécu en Inde autrefois, à Delhi, pour mes études. Autrefois… Il y a cinq ans. Une éternité au regard de mes vingt-quatre ans. Un siècle au regard de ce qui s’est passé entre mes deux voyages indiens. Entre la France et l’Inde, il y a eu son pays. Il y a eu lui. Rencontré, aimé, perdu. Depuis, je vis congelée, ni là, ni pas là, et rien n’apaise la brûlure de sa perte.
Lieu de vie
Île-de-France, 75 - Paris
Types d'interventions
- Ateliers d'écriture en milieu scolaire
- Rencontres et lectures publiques
- Rencontres en milieu universitaire
- Ateliers / rencontres autres publics
- Résidences
- Rencontres en milieu scolaire