Les écrivains / adhérents
Paloma Hermina Hidalgo
Poésie / Nouvelle / Essais / Contes bona ung_3.jpg)
Paloma Hermina Hidalgo est une écrivaine, artiste et poète française.
Après une enfance en milieu rural, Paloma Hermina Hidalgo intègre l’École normale supérieure d’Ulm-Paris où elle mène des recherches interdisciplinaires croisant philosophie, littérature, psychanalyse, histoire et linguistique. Après un passage à l’Université de Cambridge, elle poursuit sa formation à HEC Paris, dont elle est diplômée en management et stratégie d'entreprise. Alors étudiante, elle se lie avec Marcel Moreau et Michel Deguy, qui la publie.
Photo : © Bona Ung
Elle débute à dix-sept ans une activité de journaliste, puis, à dix-huit ans, de critique d'art et critique littéraire, écrivant bientôt, sous divers noms de plume, pour des médias tels que Le Monde, Art press, Le Monde diplomatique, France Culture et, dans le monde anglophone, The Times Literary Supplement. Un temps agent littéraire junior chez Gyldendal à Copenhague, elle enseigne ensuite à Sciences Po Paris et collabore avec l’UNESCO sur des projets internationaux en éthique de l’intelligence artificielle.
Elle poursuit dans le même temps une œuvre littéraire transgressive qui mêle cruauté, baroque, conte et mystique, et qui aborde entre autres la psychose, la jouissance sexuelle de l'enfant ou, fait rare, l’inceste mère-fille. Dans ses premiers ouvrages, d'inspiration autobiographique, elle évoque notamment son orphelinisme maternel et les abus sexuels vécus depuis l'enfance, tout en les intégrant dans une fiction libre, où la réalité se mêle à la violence de l'imaginaire.
Elle pratique la danse contemporaine et la comédie, et lit ou joue régulièrement ses propres textes sur scène.
Elle est en 2024 élue secrétaire générale du Printemps des Poètes, succédant à Emmanuel Hoog. Elle est jurée des six Prix de Poésie Robert Ganzo.
Réception
Pierre Michon salue ses débuts, qu'il rapproche de Rimbaud. Paloma Hermina Hidalgo est considérée par Marianne comme un « génie intempestif » et l’autrice de « chefs-d’œuvre ». La revue Europe qualifie son premier roman, Matériau Maman, de « chef-d’œuvre romanesque », ajoutant : « Hidalgo s’inscrit dans la lignée d’un Proust, d’un Cohen ou d’un Camus. Elle "explose" toutes nos catégories et donne une nouvelle définition à la littérature. »
Bibliographie
Poésie
- Cristina, Le Réalgar, 2020, sous l'hétéronyme de Caloniz Herminia, réédition en 2023, sous le nom de Paloma Hermine Hidalgo, préface d'Alain Borer.
- Rien, le ciel peut-être, Sans escale, 2023, préface de Dominique Sampiero.
- Féerie, ma perte, Corlevour, 2025.
Roman, nouvelles, contes (sélection)
- « Magnificat », Po&sie, récits-poèmes, 2017.
- « Jardin des oliviers », Europe, nouvelles, 2017.
- « La Neige tatouée », Frictions, nouvelles, 2021.
- « Lace, vanille, lace », Poesibao, conte, 2024.
- Matériau Maman, Corlevour, roman, 2024.
- « Pupa », Edwarda, conte marionnettique, 2024.
- « Rose-Fange ou la science », Edwarda, nouvelle, 2025.
Ouvrages collectifs
- Petit Encomium de mots (plus ou moins) rares, Malo Quirvane, 2024.
- Ces instants de Grâce dans l'éternité, anthologie, Le Castor Astral, 2024.
- Amazuz, Edwarda, 2025.
- Esprit de résistance - L'Année poétique, anthologie, Seghers, 2025.
Courts essais (sélection)
- « Gao Bo » in La Revue, Maison Européenne de la Photographie, 2017.
- « De crasse et de roses. Au sujet de Valerie Solanas », Esprit, 2022.
- « Le bouffon et l'usurpateur. Sur Richard II, de Shakespeare », Esprit, 2022.
- « Lucia Joyce », Europe, 2022.
- « Cosmogonies spéculatives » in Symbiosium, Centre Wallonie-Bruxelles / Fondation Fiminco, 2023.
- « Hajime Sorayama » Almine Rech, 2023.
- « Peter Halley », Almine Rech, 2024.
- « Recevoir ce que l’homme a de ciel », Europe, 2024, également directrice de publication du cahier Robert Ganzo.
Prix et distinctions
2021 : Lauréate de la Bourse Gina Chenouard de la Société des Gens de Lettres pour Rien, le ciel peut-être.
2021 : Finaliste du Prix Société des Gens de Lettres Révélation de poésie pour Cristina.
2022 : Finaliste du Prix Mac Orlan pour Cristina.
2023 : Finaliste du Prix Apollinaire Découverte pour Rien, le ciel peut-être.
2024 : Finaliste du Prix Max Jacob Découverte pour Rien, le ciel peut-être.
2024 : Lauréate du Prix "On n’est pas sérieux" pour Rien, le ciel peut-être.
2024 : Lauréate du Prix Méditerranée poésie pour Rien, le ciel peut-être (refusé par l’autrice, car le prix était doté par la mairie de Perpignan, aux couleurs du Rassemblement National).
Actrice
- Puzzle, avec André S. Labarthe, film de Sébastien Loghman, 2010.
- Aegean, de Yórgos Lánthimos, 2010.
- Paris, Texas, autour de Wim Wenders, American Center for the Arts, rôle de Nastassja Kinski, Paris, 2010.
- Zelda and Fitz, American Center for the Arts, Paris, rôle de Zelda Fitzgerald, 2010.
Danseuse
- Civic Mimic, de Richard Siegal, Théâtre de Chaillot, Paris, 2010.
- La Danse des étoiles, de Marie de Testa et Carolina Castañeda, Théâtre de la Ville/Musée de la Danse, Paris, 2012.
Extraits
Extrait 1
« Maman, il n’y aurait qu’à sauter. Par la fenêtre, toutes ! Je n’ai pas peur, non, du linteau de mousse noire, de l’embrasure évidée dans l’amas des saphirs, pas peur non, des ronces nues, des mortels sous le ciel en fuite, pas peur, Maman, de cette liane de muguet, glisser, mes sœurs, la longue soif d’aurore, avant, arrière, berceuse rompue à l’âpreté des pierres, joyaux diaprant notre fugue, mes paumes de bois cherchant les plantes, avant, arrière, tanguer contre leurs corolles, pas peur, non, de cette chute florale, qu’il n’y ait plus rien après que la chair ; tu t’encadres, Maman, haute comme la nuit, sous des voilages d’or frêle, foulant aux pieds les gemmes, sacrilège de topazes, tu regardes, d’en haut, ta poupée, la porcelette des castelets ; tu lui tends, de loin, une rose ; ma paume la prend ; l’autre garde, comme un pétale, la tienne : la sève coule. Du sang ? Du sang, ma mère ? »
Féerie, ma perte, Corlevour, 2025.
Extrait 2
« Nana. L’enfant n’aime pas ses joies d’enfant tant que tu penses. Oui, elle est enfant, heureuse d’être enfant, mais pour toi, non pour elle. D’instinct, elle méprise son état d’enfant ; fait la femme ; en cela est plus sage que toi, qui parodie l’enfant. Ce qui porte l’enfant, ce n’est pas le jeu ; car, à chaque instant, elle se défait du jeu ; c’est de passer des babies aux cuissardes ; toute l’enfance se joue à narguer l’enfant qu’on était hier. Grandir n’est pas autre chose. Et l’enfant ne désire rien de plus que de ne plus être enfant.
Car l’état de femme est beau pour celle qui y va, avec les dons de l’enfance. Tu veux, Nana, que l’enfant se sache ignorante, bien loin, bien au-dessous, vassale pour elle-même ; qu’elle s’aide de l’ordre seigneurial ; qu’elle se forme à la piété, car on est grand par la piété, et non petit. Qu’elle s’inféode. Et qu’elle se fasse. Car elle naît toute nue, et charrie mille ardeurs dans sa besace de viande.
Nana, l’enfant ne cherche pas quelque sucre à lécher, comme font les levrettes ; elle n’est plus gourmandise ; elle est jeûne, carême, renoncement, qui regarde au-dessus de soi. Je ne vois pas qu’elle puisse croître sans déférence. C’est la loi. C’est par là qu’elle est enfant. Gifle, Nana ; sois fermé aux pleurs, fermé aux plaintes nues. Et ne feins pas d’aimer ; la force d’une maîtresse, quand elle cingle, c’est qu’elle ne s’en blâme pas ; au lieu que la mère se châtie elle-même dans sa fille. Ne promets pas la joie ; donne comme fin le martyr dompté : tel est l’appât qu’il faut à l’enfant.
M’aveugle, par le vitrail brisé, la profusion lumineuse d’un élan de colombes ; faire mienne cette grâce, telle qu’elle vit et fulgure dans le cœur des souillons. »
Inédit, in L’Année poétique. Esprit de résistance, anthologie, Seghers, 2025.
Lieu de vie
Île-de-France, 75 - Paris
Types d'interventions
- Rencontres et lectures publiques
- Résidences