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Paloma Hermina Hidalgo

Poésie
photo Paloma Hermina Hidalgo

Paloma Hermina Hidalgo est une romancière, poète, nouvelliste, dramaturge et critique, occasionnellement actrice, d’origine franco-andalouse.

Parcours
Diplômée de l’Ecole normale supérieure d’Ulm-Paris, de La Sorbonne et de HEC Paris, également passée par La Fémis, elle entre dans la vie active à dix-sept ans, en tant que journaliste. Paloma Hermina Hidalgo a signé des centaines de chroniques sur l’art, la littérature, la philosophie, le théâtre, la musique et la danse pour Le Monde, Le Monde diplomatique, France Culture (Mauvais Genres), Esprit, Europe, The Times Literary Supplement... À sa sortie de HEC, elle mène des missions pour l’UNESCO, travaille pour l’Institut français et l’INA, tout en enseignant la critique culturelle à Sciences Po Paris.

Écriture
À vingt-deux ans, elle se lie avec Marcel Moreau et Michel Deguy, lequel la publie. Pierre Michon salue ses débuts, qu'il rapproche de Rimbaud. Transgressifs, ses recueils, « autobiographies féeriques », selon l’auteure, mêlent cruauté, baroque, conte et mystique, abordant notamment la psychose, la jouissance sexuelle de l'enfant ou l’inceste mère-fille.

Réception critique
Écrivaine subversive, elle est notamment l’autrice de Cristina, son tout premier livre, « chef-d'oeuvre de la poésie contemporaine » et de Rien, le ciel peut-être, deux « œuvres d'un génie intempestif qui, sans l'ombre d'un doute, marquera la poésie française » (Marianne).
Au sujet de son premier roman, Matériau Maman, la revue Europe note "Matériau Maman de Paloma Hermina Hidalgo sidère par son style si singulier, sa capacité de vérité. […] Hidalgo s’inscrit dans la lignée d’un Proust, d’un Cohen ou d’un Camus. Elle « explose » toutes nos catégories, et donne une nouvelle définition à la littérature. […] Avec ce chef-d’œuvre romanesque, Paloma Hermina Hidalgo rejoint sa mère "dans l’éternité des mots" qui coule en elle."

Bibliographie

Poésie

. Féerie, ma perte, éditions de Corlevour, à paraître en 2025.
. Rien, le ciel peut-être, éditions Sans escale, 2023, sous le nom de Paloma Hermine Hidalgo, préface de Dominique Sampiero, notamment lauréat de la Bourse Chenouard de la Société des Gens de Lettres et du Prix Méditerranée poésie, refusé par l’auteure, car ce dernier prix était doté par la Mairie de Perpignan, aux couleurs du RN.
. Cristina, éditions Le Réalgar, 2020, paru sous l’hétéronyme de Caloniz Herminia, réédition sous le nom de Paloma Hermine Hidalgo, préface d’Alain Borer, 2023.

Roman

. Matériau Maman, éditions de Corlevour, 2024.

Théâtre

. Bourrelle, éditions maelstrÖm reEvolution, à paraître en 2025.
. La Reine cousue, présentation de Bernadette Bost, Frictions, 2023.

Nouvelles et contes

. « Pupa », Edwarda, 2024.
. « Ap sou mànsel », Zone Critique, 2024.
. « Cabale », Zone Critique, 2024.
. « Lace, vanille, lace », Poesibao, 2024.
. « Aphrodite, ma mère », Possibles, 2024.
. « Coquettes », La Forge, 2023.
. « La Neige tatouée », Frictions, 2021.
. « Jardin des oliviers », Europe, 2017.
. « Magnificat », Po&sie, 2016.

Ouvrages collectifs

. Amazuz, Éditions Edwarda, à paraître en 2025.
. L’Esprit de résistance, anthologie, éditions Seghers, à paraître en 2025.
. Petit Enconium de mots (plus ou moins) rares, éditions Malo Quirvane, 2024.
. Ces instants de Grâce dans l'éternité, anthologie, éditions Le Castor Astral, 2024.
. Symbiosium. Cosmogonies spéculatives, éditions du Centre Wallonie-Bruxelles, 2023.
. Art Paris, éditions Le Grand Palais/Issuu, 2020.

ACTRICE ET PERFORMEUSE

. Matériau Maman, Maison de la poésie, Paris, 2024.
. La Danse des étoiles, Marie de Testa et Carolina Castañeda, Théâtre de la ville/ Musée de la danse, Paris, 2012.
. Zelda et Fritz, American Center for the Arts, Paris, 2011.
. Paris, Texas, American Center for the Arts, Paris, 2010.
. Civic Mimic, Richard Siegal, Théâtre de Chaillot, Paris, 2010.

FONCTIONS

. Depuis 2024, secrétaire du Conseil d’administration du Printemps des Poètes.
. Depuis 2022, jurée des six Prix de Poésie Robert Ganzo.

Extraits

EXTRAIT 1

— Nieve !

Je me penche sur la rampe d’escalier. Dans le salon, les femmes pleurent. Les enfants gémissent. Tous sauf moi, dressée sur la mezzanine. J’affecte la froideur, cette forme achevée d’héroïsme.

Ce matin, je palpite, suce des pastilles dont les arômes – cassis, violette, citron –, me consolent du monde. Et je regarde d’en-haut la petite foule. À sa droite, Cara. Une robe de jais dévoile ses omoplates. Ses cheveux s’échappent en boucles folles. J’épie son visage, la saillie des pommettes. Elle aussi pleure. Yeux fermés. Buste aminci par l’étoffe de la robe. Cara et moi sommes, à quatorze ans d’écart, deux plantes siamoises.

C’est elle qui, le jour même, m’a murmuré : Maman est morte.

— Nieve !

Elle pleure, donc, ma sœur, au pied des escaliers. Moi, je ne pleure pas. J’ai le cœur tourné. La nausée. Maman est morte. Je serre les poings. Je ferme les yeux. Sa mort coule en moi.

Cara me rejoint à l’étage. Je vois ses muscles à travers la maigreur, les jambes où tressaillent les tendons. Ses lèvres sont craquelées. Ses tempes glacées. Je vois la traînée de mascara sur sa joue. La sueur de son décolleté. Sa blondeur, aiguë, contre la vitre. Et la brûlure de son regard, si artificielle que sa douleur même paraît fausse. Elle m’effleure la nuque :

— Nieve !

Mon cou s’offre. Elle presse ses doigts sur ma bouche, son innocence de peau tendre. Mon front recule. Mon regard s’enlise. Sous les fossettes, la boursouflure de ses lèvres. Une face pauvre : ni sens, ni expression humaine.

— Fais-toi belle, dit-elle, on va voir Maman une dernière fois.

— Je peux me maquiller ?

— À dix ans ? D’accord.
Je gagne la salle de bain. Au mur : un leurre, le miroir. Mes cheveux : une auréole brune. Elle ondule. Elle s’étoile dans la glace. Ça vacille. Ça frémit. L’œil, surtout.

Sous ma peau, un masque se modèle.

Matériau Maman, roman, Éditions de Corlevour, 2024.

EXTRAIT 2

Maman ! Blonde toscane, d’une paume ouvrière, tu boudes, un soir, l’aulne et le tremble, cisèles dans le pin quelques poupées de sang. Pupa ! Il n’est guère anodin, Maman, que ton art ait renouvelé la légende des dieux sylvestres, suscitant les premiers pantins. Des Pinocchias, Maman ! Des prune, des vermeilles… Pupa ! Pupa ! De si frêles, que je ne peux me défendre de les croquer. Les mauves, je n’y eusse osé toucher : des infantes, des madones, mignonnes qu’à chaque pas la fortune sollicite, promises à quelque gloire d’outre-bois. Certaines, je les suçote. D’autres, je les nique simplement (les presse entre mes doigts : voyez comme c’est facile). Les plus roses, je les déchire dans mon désir, pleure sur leurs grâces éparses. Leur babil en est la cause : ce qui fait la luxure des corps de nature boisée n’est que chuchotis d’indolence :

O giglio giglio quanto sei crescente
Ricordati del ben ch’io ti vo’ sempre

Oh ! Ce castelet, Maman, d’un culte étrange... THÉÂTRE, dit sa façade, et ce mot cèle un cortège d’enseignes, tous les vices et maléfices du corps… Maman ! Ta chambre ! Backroom d’acajou ; PolyPocket ! ronces et volières en treillage ; mousselines de bambous, de nymphéas violines ; et cette poupée aux yeux d’huître, exhibée à la clarté lunaire – uno, due, croupe qui tangue, fait crisser les cuirs, martèle sa cadence. Marie-Cyprine, qu’elle s’appelle. Gueule camarde, pétard onctueux des Ménines de Botero, doigts de mauve et d’or, pointés comme des griffes de sphinge – un de ses gants éclate.

Marie-Cyprine – tu sais ? – casse tout, perd tout, confond coquelicots et violettes. Or, la daltonienne n’a pas de couleur propre. Elle est réverbération du ciel. On la saisit dans ses fureurs, lorsqu’elle est blême, méchante : une couleuvre d’argent sur une flaque de sang. Marie-Cyprine… Tu sais, Maman ? Sa pâleur est lumière. Le soleil est son chien. La suit comme tu peux voir. Une autre merveille d’elle : Marie-Cyprine fait chaque nuit affûter ses tétines à la longueur d’une pointe de topaze. Nous eussions douté de l’éclat du jour, non de la pureté de sa gorge roussâtre, rêvant qu’une couche praticable apparût en quelque niche de ce boudoir – où tout coin deviendrait, par l’alchimie du sexe, l’alvéole d’un sérail. Sa paume, au soir, égrène sur ma langue amandes, pétales de souci. Mélange premier choix. Tisane des Florides. Eh ! Quel chic pays, Maman : le viol de la terre, lentes roches floridiennes pour y glisser dessus, dérive, basalte, orangers en larmes. Torpeur. Pleurs d’oisiveté. L’air qui les sécrète. Lotophages. On chie des jujubes. Fruits qui n’ont plus la force de. Pas de ciel où rattraper le temps…

Féerie, ma perte, conte poétique, Edwarda, 2024.


Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Résidences