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Les écrivains / adhérents

Danièle Laufer

Essais / Jeunesse / Récits
photo Danièle Laufer

Je suis née à Casablanca, au Maroc, où j’ai passé mon enfance jusqu’à l’âge de quinze ans. Après une année en pension au Chambon-sur-Lignon, j’ai ensuite vécu à Paris, avec mon père et ma sœur. Ma mère est restée à Casablanca. Cette période a inspiré un de mes romans jeunesse L’Été de mes treize ans (Je Bouquine). Le Maroc est toujours très présent dans mon cœur et dans mes livres.
À Paris, j’ai fait des études d’anglais et passé un diplôme pour devenir traductrice. J’ai exercé ce métier pendant quelques années, puis je suis devenue journaliste, essentiellement dans la presse féminine. Je me suis spécialisée dans les sujets de psychologie, de société et, plus récemment, de santé.
Parallèlement à cette activité de journaliste, j’ai écrit et publié de nombreux ouvrages – quatre romans pour la jeunesse très inspirés de mon enfance au Maroc et de nombreux essais, livres d’humour, enquêtes. Mes deux derniers livres me tiennent particulièrement à cœur. Dans Venir après - Nos parents ont été déportés, paru en mars 2020 aux Éditions du Faubourg, j’ai recueilli et tissé les témoignages d’une vingtaine de femmes et d’hommes nés, comme moi, de parents survivants des camps nazis. Une mère étrangère paru en septembre 2023 chez Bayard Récits est un récit à deux voix co-écrit avec ma mère d’origine juive allemande qui a été déportée pendant la guerre.
Ces deux livres sont au coeur de mes thèmes de prédilection : l’enfance, les relations mère-enfant, la mémoire, la transmission, l’exil, l’errance.

Bibliographie

Documents et essais :
Une mère étrangère (Bayard Récits, 2023)
Venir après – Nos parents ont été déportés (Éditions du Faubourg, 2021)
Le Tako Tsubo – Un chagrin de travail (Les Liens qui Libèrent, 2017);
L’Année du Phénix - la première année de la retraite (Les Liens qui Libèrent, 2013; Marabout 2015)
La mère parfaite c’est vous avec Stéphane Clerget (Hachette Littératures, 2008
50 ans ? Vous ne les faites pas (Hachette Littératures, 2007)
La danse du couple avec Serge Hefez (Hachettes Littératures, 2002; Marabout 2014)
Enfants uniques – des petites familles sous le regard des autres ( Bayard Editions, 1999) « La vie empêchée » (Bayard Editions, 1996),
Traité de savoir-vivre à l’usage des familles recomposées (Calmann-Lévy, 1996),
40 ans – la fin d’une adolescence ? (Plon 1989),
Le livre des voisins (Carrère, 1988),
Le Livre des nouvelles célibataires (Carrère, 1987)

Romans pour la jeunesse :
Le Secret de Lola (L’Ecole des Loisirs, 2002)
La Bague bleue (L’Ecole des Loisirs, 1999)
L’Eté de mes treize ans (Je Bouquine, 1998, réédition 2002),
Je n’oublierai jamais ces moments-là (Syros, 1996, réédité en 2000)

Guides et beaux-livres :
Paris Humeurs avec Andrée Fortin (Nathan, 1988),
Raymond Voinquel et Trois Jours en France (Nathan Image 1988)

Extraits

« Je suis une fille de déportée. En relisant ces mots, j’ai un sentiment d’étrangeté et d’irréalité. Ma mère a été déportée. Lorsque je prononçais cette phrase, dans mes années d’adolescente, parce qu’il me semblait que cela expliquait une partie importante de ma personnalité sans que je sois vraiment capable de dire en quoi, mes interlocuteurs me regardaient sans comprendre. Et ils passaient à autre chose. Personne ne me posait de questions. Quand je me sentais en confiance, j’insistais un peu. Oh, pas lourdement. Mais j’y revenais de temps en temps pour justifier ma sensibilité, mon émotivité, ma fragilité. J’aurais voulu qu’on me cajole et qu’on me console de souffrir autant d’un événement qui ne m’était pas arrivé et que je ne comprenais pas.
J’étais aussi une fille de divorcés à une époque où le divorce était rare. Et je cumulais les handicaps, puisque j’étais également une déracinée. Née au Maroc, j’ai passé mes quinze premières années dans un pays dont je n’ai jamais parlé la langue, où je n’avais pas d’autre famille que mes parents et ma sœur. La famille de ma mère était aux États-Unis, celle de mon père à Paris.
J’ai eu une enfance étrange, un peu fracassée, avec une mère assez froide et bizarre qui parlait toute seule et ne savait pas aimer. (…)
Devant le désintérêt de mes amis, j’ai arrêté de dire que ma mère avait été déportée, sauf à quelques intimes capables de sentir la profondeur de l’abîme que je frôlais tous les jours sans jamais y sombrer complètement. J’ai cessé d’ennuyer avec mes « histoires » ceux qui disaient
qu’il fallait tourner la page, que ça ne servait à rien de ressasser ces histoires, qu’il était temps de passer à autre chose. (…)
J’ai fini par me taire et par ne plus en parler. J’ai gardé pour moi mon asthme, mes cauchemars d’enfant, mes angoisses inexpliquées, ma timidité, ma peur de déplaire, mon manque d’assurance, mes allergies et mes phobies. Je ne faisais pas le rapprochement entre mes empêchements, ma difficulté à vivre et la déportation de ma mère. J’ai essayé d’oublier, de vivre avec, de faire comme si cela n’avait pas existé, de me raisonner. Après tout, ce n’était
pas à moi que c’était arrivé. »
(Venir après – nos parents ont été déportés - Éditions du Faubourg, 2021)


« Aucun de nous quatre ne parlera jamais l’arabe. Par indifférence ou par paresse, mes parents ne tenteront pas de percer les mots du pays. Quand les visages ridés et bienveillants des vieilles Marocaines se penchent vers moi, je ne sais pas ce qu’ils me disent. Quand mes parents prononcent eux aussi des mots aux sonorités encore différentes, d’une autre rugosité, je n’ai pas le droit de comprendre.
Je connais les mots français, mais quand je ne perçois pas la musique d’un accent, je me méfie, il y a un piège. L’accent pied-noir est le seul qui habille mon oreille de façon rassurante, paroles chantantes et étirées qui me ravissent, m’entraînent sans effort vers l’insouciance. Le verbe pied-noir évoque la vie facile.
Très tôt, j’ai senti que les mots ne vivent pas tous seuls. Ils ont l’air de cajoler pour mieux meurtrir. Ils plaisantent pour blesser, ils murmurent pour égratigner. Les mots ne parlent vrai que dans les yeux.
Dans les yeux clairs des enfants de mon âge, je lis des choses qui m’inquiètent, qui déguisent leurs paroles. Je voudrais ressembler à ces petites filles liées par des connivences de caste, celles que l’on appelle « les Françaises », héritières d’un mode de vie que j’ignore. Ces enfants-là partent tous les vendredis soir dans un cabanon au bord de la mer, en « week-end » ; elles s’habillent comme dans les magazines que ma mère feuillette toutes les semaines mais dans lesquels je ne me reconnais pas. Je ne sais pas comment entrer dans le monde de mes camarades de classe. Je mettrai des années à en trouver les clés, des années à cogner à la porte. Je voudrais être une petite fille normale »
(Une mère étrangère, Bayard Récits, septembre 2023)

Ma bibliothèque

Marguerite Duras, Le Marin de Gibraltar
Daniel Mendelsohn, Les Disparus
David Grossman, Une femme fuyant l’annonce
Camille de Toledo, Thésée, sa vie nouvelle
Georges Pérec, W ou le souvenir d’enfance
Philippe Lançon, Le Lambeau

Mes auteurs référents.
Marguerite Duras, Annie Ernaux, Deborah Lévy, Joyce Carol Oates, Joan Didion, Romain Gary, Patrick Modiano, Milan Kundera, Paul Auster

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
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  • Rencontres en milieu scolaire