Les écrivains / adhérents
Jean-François Sonnay
Roman / Nouvelle / Essais / Théâtre / ContesNé en 1954, formé à l’histoire de l’art en Suisse et en Italie, écrivain, romancier, enseignant, conteur, engagé à plusieurs reprises dans l’action humanitaire, Jean-François Sonnay a publié son premier livre en 1974 et s’est affirmé depuis lors comme un spécialiste de l’intermittence. Partageant son temps entre la littérature, l’enseignement et des missions en qualité de délégué du Comité international de la Croix-Rouge dans des pays comme l’Afghanistan, la Colombie, le Congo ou le Soudan, ce Suisse itinérant vit actuellement à Paris.
Outre quelques articles d’histoire de l’art, Jean-François Sonnay est l’auteur de pièces de théâtre, de romans, de contes et de nouvelles. En 1998, il a reçu un Prix Schiller et le Prix Rambert pour La seconde mort de Juan de Jesus. Son roman Un prince perdu a obtenu le Prix Bibliothèque pour tous 2000 et son picaresque Yvan, le bazooka, les dingues et moi a obtenu le Prix des Alpes et du Jura 2007 de l’Association des écrivains de langue française.
Manifeste dans ses romans, son talent de conteur fait aussi mouche dans ses contes pour enfants petits et grands : Les Contes du tapis Béchir (2001) et Contes de la petite Rose (2004).
Lauréat d’une bourse de la Fondation Leenaards en 2000, il a également reçu le Prix des écrivains vaudois pour l’ensemble de son œuvre.
« Que ce soit comme lecteur ou comme auteur, c’est l’illusion romanesque qui m’a toujours attiré, même si je ne songe qu’à parler du monde où je vis. L’artifice qui peut dire le vrai n’est pas un mensonge à mes yeux, mais bien davantage un prisme, un révélateur. Certes, bien fou serait l’homme qui voudrait ne vivre que dans des romans ou qui prendrait le monde pour un roman, aussi fou que Don Quichotte, mais la chose n’est pas impensable : pareille folie existe, elle me plaît et je pense que nous avons besoin de fiction pour vivre en société, comme nous avons besoin de rêve. »
Bibliographie
– Les Gauchocrates (Essais et nouvelles)
En collaboration avec Claude Jaquillard, Librairie Adversaire, 1974
– Dictionnaire des idées à perdre (Essais et nouvelles)
Editions de l'Aire, 1980
– Zurich - Graffiti (Essai)
En collaboration avec Claude Jaquillard, Editions de l'Aire, 1980
– L'âge d'or, Première partie : Soixante-huit (Roman)
Editions l'Âge d'homme, 1984. Réédité en poche sous le titre Le Tigre en papier I, Bernard Campiche Editeur, 2008
– Le Tigre en papier, (Roman), Editions l'Âge d'homme, 1990. Réédité en poche sous le titre Le Tigre en papier II, Bernard Campiche Editeur, 2008
– Pentameron (Contes), Editions l'Âge d'homme, 1993
– La Seconde mort de Juan de Jesus (Roman), Bernard Campiche Editeur, 1997
Prix Schiller 1998, Prix Rambert 1998
– Un Prince perdu (Roman), Bernard Campiche Editeur, 1999
Prix Bibliothèque pour Tous 2000
– Les Contes du tapis Bechir, Bernard Campiche Editeur, 2001. Réédité en poche, Bernard Campiche Editeur 2004
– Vrai ou faux (Histoires et nouvelles), Bernard Campiche Editeur, 2003
– Les Contes de la petite Rose, Bernard Campiche Editeur, 2004
– Yvan, Le Bazzooka, Les dingues et moi, Bernard Campiche Editeur, 2006
Prix Alpes–Jura 2007 de l’Association des Ecrivains de Langue Française
– Le Pont (Roman), Bernard Campiche Editeur, 2009
– Hobby (Essai d’autoportrait social), Bernard Campiche Editeur, 2009
– L'incendie de quoi ? in: journal le persil, N° 65-66-67, mai 2013, pp. 24-29
– Un bateau pour l'Amérique in: Napoli racconta/Naples raconte, Antologia II Edizione, Università degli Studi di Napoli "L'Orientale", Napoli 2013, pp. 73-79
Extraits
La Seconde mort de Juan de Jesùs, roman, 1997, copyright : Bernard Campiche Editeur, Orbe.
Le corps de Juan de Jesùs Benizamun disparut le soir même de sa mort. On soupçonna Washington, l’Indien que le vieux avait adopté, d’avoir subtilisé le cadavre pour se livrer à Dieu sait quel rituel macabre de sauvage. On ne le retrouva jamais. Certains ne manquèrent pas de prétendre qu’en réalité il n’était pas mort mais qu’il était parti plus avant dans la jungle, après avoir feint un accident, et nul n’aurait dû s’étonner qu’il veuille recommencer une nouvelle vie, lui qui avait la réputation d’en avoir déjà vécu plusieurs sous des identités différentes. D’ailleurs, même si tout le monde sur le fleuve l’appelait le vieux, personne ne savait au juste l’âge qu’il avait et il n’était peut-être pas si vieux qu’il en avait l’air. Une seule chose était sûre : il était arrivé là avant tout le monde puisque c’était lui et personne d’autre qui avait fondé le village de La Tigra, à une vingtaine de minutes de l’embouchure du rio Dorado, mais de là à dire qu’il avait passé cent ans, comme l’affirmaient deux ou trois chasseurs, il y avait sans doute une de ces exagérations communes chez ceux que la forêt finit par priver de toute mesure rationnelle de l’espace et du temps.
Hobby, autoportrait social, 2009, copyright : Bernard Campiche Editeur, Orbe.
Il était une fois un écrivain suisse, auquel le service des impôts refusait une déduction de son revenu pour frais professionnels et qui décida de recourir au Tribunal fédéral de Lausanne, cour suprême de son pays, pour faire valoir le caractère « professionnel » des dépenses qu’il consacrait à l’écriture, telles que papier, stylos, dictionnaires, ordinateur, imprimante, etc. L’infortuné plaignant fut en l’affaire débouté, car la cour jugea qu’une activité qui ne produit que peu ou pas de revenu à son auteur ne saurait être tenue pour professionnelle. Il fallait plutôt considérer la chose comme un « hobby », occupation du temps pour laquelle la loi n’autorisait aucune déduction fiscale. On est fondé à supposer que les frais de la cause furent mis à la charge du débouté.
Ça m’a rappelé une leçon de morale que m’avait faite un préposé aux impôts sur le même thème, car il n’était pas normal à son avis qu’un homme de mon âge – j’étais encore jeune – puisse passer autant de temps à ne pas gagner d’argent. Je me suis aussi souvenu du conseil de mon ami Nikos, un pêcheur grec qui peinait à remplir ses filets et qui m’avait fait promettre d’abandonner la littérature, si celle-ci ne me rapportait pas de quoi vivre, mais lui au moins ne songeait qu’à mon bonheur.
Je me suis obstiné, pardon Nikos, et je continue à vivre et à écrire dans des pays où, aux yeux de la loi, un écrivain qui ne gagne pas sa vie en écrivant se range dans la même catégorie que le monsieur qui s’amuse avec des trains électriques ou collectionne les timbres-poste. Cela dit sans une once de mépris pour ces hobbies-là, puisque je les ai moi-même pratiqués autrefois. (…)
Il n’est pas question ici d’un énième credo sur le rôle social de l’artiste. A supposer même que ce rôle puisse être défini en dehors des dictatures, je ne vois pas l’utilité de cet exercice. Je préfère esquisser le bilan de ma propre expérience, sachant qu’il vaudra ce que valent les témoignages personnels : aussi limité dans sa portée que révélateur de son temps. Je n’ai pas de leçon à donner, n’ai rien inventé d’extraordinaire et ne suis pas célèbre. J’ai commencé à écrire ce qu’il est convenu d’appeler de la littérature en 1972 et j’ai publié une douzaine de livres à compte d’éditeur. Voilà toute ma légitimité.
Lieu de vie
Île-de-France, 75 - Paris
Types d'interventions
- Rencontres et lectures publiques
- Rencontres en milieu universitaire
- Ateliers / rencontres autres publics
- Résidences
- Rencontres en milieu scolaire